L’hindouisme est une religion qui présente une grande diversité. On reconnaît six écoles ou systèmes philosophiques anciens présentant des philosophies divergentes. L’un de ces systèmes, le samkhya, n’est ni théiste ni panthéiste. Comme le jaïnisme, le samkhya enseigne que la matière primordiale et l’âme individuelle ne sont ni créées et ni destructibles. L’âme peut être libérée par la connaissance de la vérité de cet univers et par la maîtrise des passions. Dans certains textes, le samkhya réfute l’existence d’une divinité suprême personnelle, et dans tous les cas, le concept de divinité est superflu et potentiellement contradictoire, car le karma dirige les affaires humaines jusqu’au moment où l’Homme peut se décider de lui-même à chercher la libération. Les quatre buts du samkhya sont similaires à ceux du bouddhisme : connaître la souffrance peut permettre à l’Homme de se libérer lui-même, de parvenir à faire cesser cette souffrance, de percevoir la cause de la souffrance (le manque de distinction entre l’âme et la matière) et d’apprendre les moyens de se libérer, à savoir être capable de discerner la connaissance. Comme les autres écoles, celle du samkhya enseigne le principe du karma : la renaissance est la conséquence de nos actions et le salut est le fait d’échapper au cycle des renaissances.
Comme les autres écoles, celle du samkhya enseigne le principe du karma : la renaissance est la conséquence de nos actions et le salut est le fait d’échapper au cycle des renaissances.
Le samkhya embrasse une forme de dualisme. Il ne s’agit pas de la dualité chrétienne du bien et du mal mais d’une distinction radicale entre l’esprit et la matière. Ils sont tous deux non créés et ils existent indéfiniment. Le monde est le résultat de l’évolution de la matière. L’âme, cependant, ne change pas. L’âme souffre d’être prisonnière de la matière, bien que cette captivité soit une illusion. Une fois que l’âme devient consciente qu’elle ne fait pas partie du monde matériel, le monde cesse d’exister pour elle et elle est libre. D’après la théorie du samkhya, la matière est soumise à l’évolution, à la dissolution et à la paix. En évoluant, la matière produit l’intellect, l’individualité, les sens, le caractère moral, la volonté et un principe qui survit à la mort et subit la transmigration. En étant en contact avec l’âme, le corps physique devient un être vivant. Ce n’est que par ce contact que naît la conscience, car ni la matière seule, ni l’âme seule ne sont conscientes. Bien que l’âme soit l’élément vitalisant, elle n’est pas en soi la vie qui se termine à la mort pas plus qu’elle n’est la vie qui est transmise d’une existence à l’autre. Bien qu’elle-même n’agisse pas et qu’elle ne souffre pas, l’âme reflète les souffrances tout comme un miroir. Elle n’est pas l’intellect, mais une entité infinie et impassible. Les âmes sont innombrables et distinctes les unes des autres. Le but de l’âme est de se libérer de l’illusion et donc de la captivité. Une fois libérée, sa condition est équivalente à ce qui est appelé nirvana dans le bouddhisme. Une telle libération peut survenir avant la mort, et le devoir de cette âme libérée est de transmettre son enseignement aux autres. Après la mort, il existe une possibilité de libération totale sans crainte d’une renaissance.
Le samkhya n’exclut pas les croyances aux divinités populaires, mais cela ne fait pas partie de son mode d’action. C’est la connaissance de l’univers qui mène au salut. En ce sens, c’est la maîtrise des passions et non la conduite morale qui compte principalement. Le bon travail ne peut apporter qu’une forme inférieure de bonheur. Le sacrifice n’est pas non plus efficace. La subordination de la morale à un niveau inférieur à celui de la connaissance et la dérogation de bonnes œuvres sont deux différences distinctes des exigences du christianisme et représentent une forme différente de croyance religieuse. Ni l’éthique ni les rites n’ont beaucoup d’importance dans le système du samkhya. Ici, nous avons à l’évidence, un contraste marqué avec le christianisme pour qui l’éthique et les rites constituent, quoiqu’à différents degrés selon les confessions, les parties essentielles du système de croyance et du culte.